Laval - Reims: l'analyse de Neibaf

Publié le par Le Journal du Stade

Et tu marques, marques, marques, c'est ta façon d'gagner...

 

 

On connaît tous la chanson de Début de Soirée, "Nuit de Folie". Un succès des années 1980 qui a fait bouger tous les dancefloor de France à cette époque, et qui continue de faire danser lors des fins de soirées de mariage bien arrosées, ou lors de quelques soirées d'intégration bien ringardes. Et bien, le groupe Stade Lavallois a repris ce tube, sous le titre de "Quart d'heure de Folie". Badiane, Gimbert et Do Marcolino pour les voix, Le Baron, Viale et Signorino pour l'accompagnement, ont fait virer tout un stade Francis Le Basser en pure furie au coup de sifflet final. Une ambiance indescriptible, un scénario hitchcockien, une communion sportive, des voix cassés et une belle bande d'hypocrites. Voilà la recette de ce Laval-Reims qu'aucun spectateur ne pourra oublier d'ici un bon moment.

 

Pourtant, l'avant-première du concert Tango n'était pas pour plaire au public local. Plein de fausses notes, les Orange et Noir ont bafouillé leur partition, confondant le La et le Sol, le Do et le Fa. Résultats, ce sont les artistes venus de l'Est qui ont assuré le spectacle. Reims, dans son beau costume bleu ciel, a fait preuve d'une justesse incroyable dans son jeu, fait de mouvements vifs et précis, avec un Cédric Fauré à la baguette et un Kamel Ghilas à la finition du morceau. Bien lancé dans le ton par Mandi, l'attaquant prêté par Hull City prenait de vitesse tout le monde, et notamment Rose et Talmont, pour tromper un Balijon totalement impuissant (0-1, 19'). Juste avant, pour lancer la symphonie champenoise, les Rémois avaient joué de la barre, sous les regards médusés des Lavallois (7'). Tels des élèves collégiens de 6° jouant de la flûte à bec comme des manchots, la bande à Philippe Hinschberger jouait au football comme des cul-de-jatte. Pas d'occasions, pas de mouvements, pas d'enchaînements... Digne d'un concert de Christophe Maé. Et quand Tainmont se retrouvait en bonne position, il se retrouvait le souffle court, ce qui a permis aux Lavallois de ne pas avaler totalement la trompette. Ou tout du moins pas encore... Après l'entract, le public avait à peine digérer son américain chaud merguez avec bière que Ghilas, très à l'aise en percussion, partait en solo pour laisser bouche bée Levrat et abandonné Balijon à son propre sort (0-2, 46'). Il restait une mi-temps, et on n'était pas loin de plier bagages.

 

Rose

Lindsay Rose, pris de vitesse sur le premier but, a connu une suite de match plus que correcte.

 

Fauré et Ghilas s'en vont, le récital lavallois commence

 

La fanfare de Reims poursuivait tranquillement son défilé en terre mayennaise, son homologue du soir étant incapable de produire le moindre son et d'avoir la moindre réaction. Pour ménager ses troupes, Hubert Fournier, maître d'oeuvre champenois, décidait alors de sortir ses pièces maîtresses, Ghilas et Fauré. Pièces maîtresses, car ce sont eux qui ont donné le rythme à leurs coéquipiers. Fauré, par son jeu de tête, et Ghilas, par sa vitesse, ont mis sur le reculoir Rose et Talmont et obligé Balijon a chauffer les gants. Une fois les deux sortis de la scène, Reims s'est mis à déjouer, dans une inspiration M. Pokora. C'est alors que Philippe Hinschberger lança son groupe. Le public de l'avenue Pierre de Coubertin avait alors l'honneur de voir, en avant-première, le nouveau titre du Stade Lavallois, "Quart d'heure de Folie". Pour le premier couplet, c'est Badiane qui prenait les choses en main. Sous l'impulsion de Viale et Gimbert, Ladhji venait mettre les premières notes d'une suite inimaginable (1-2, 73'). Le refrain pouvait commencer avec Le Baron et Viale dans les choeurs. Toujours dans le bon tempo, Do Marcolino apportait sa touche physique et technique pour servir Gimbert. L'ancien du bagad de Vannes mettait alors un coup de grosse caisse pour sonner le clairon de la révolte mayennaise (2-2, 83'). Et si l'impossible devenait possible, comme le dit si bien Adidas ? "Impossible is nothing." DJ Dom prenait alors les platines pour un dernier récital de génie.

 

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Ghislain Gimbert, ultra-combatif, a été récompensé de ses efforts par son but égalisateur.

 

Quand Le Basser retourne sa veste

 

Emporté par une euphorie populaire, Laval s'est pris pour Jimi Hendrix à Woodstock. Tout vibrait tel un vrai festival de rock. Viale, dans un solo de guitare de grande justesse, trouvait Do Marcolino. Le Gabonais, au son du djembé, se retrouvait seul face à son compère africain, Agassa. Dans un sang-froid digne des plus grands, il crucifiait le gardien rémois d'une balle piquée (3-2, 90'+3). Il restait alors 10 secondes... La musique pouvait s'achever. Le concert était fini. Les émotions étaient grandes. Enormes. Sublimes. Il y a bien longtemps qu'une telle liesse avait envahi le stade Francis Le Basser. De mon propre aveu, j'ai pris un pied énorme. Une joie comme longtemps j'en avais ressenti une. Des frissons partout, une communion de tous les instants. Le public était débout à la fin du match. A la fin du match seulement... Car voilà le coup de gueule de Neibaf. Je parlais d'une bande d'hypocrites en introduction de mon papier imbuvable. Cette bande, c'est le stade Francis Le Basser. Pas dans son ensemble, non. Mais dans sa sale majorité. Comment expliquer que Lebouc est sorti sous les huées du public ? Ce même Lebouc qui a marqué une bonne dizaine de buts l'an dernier et a été l'homme décisif du Stade. Les gens ont la mémoire courte. Mais c'était la saison dernière. Peut-être des débuts d'un léger Alzheimer. Mais alors... On est à la 70° minute de jeu. Le public gronde, siffle, conspue, insulte ses joueurs pour leur manque de justesse. Trois minutes plus tard, Badiane réduit le score. Le public se réveille un peu. A 2-2, il exulte. A 3-2, il est fou. Dire que ces mêmes "cons", car je ne vois pas d'autres termes, sifflent leurs propres joueurs au lieu de les encourager, puis les applaudissent au coup de sifflet final comme des Dieux, c'est proprement hypocrite. Et ça me révolte ! Sincèrement. On encourage jusqu'au bout. On siffle jusqu'au bout si on est pas très fin. Mais on ne retourne pas sa veste comme ça. Supporters ? Laissez-moi rire ! De simples spectateurs lambdas, qui ne viennent que pour exulter leur misère du quotidien. Pitoyable.

 

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Ludovic Gamboa, ici à vouloir effectuer une touche, a eu du mal à trouver des solutions face à la défense organisée de Reims.

 

CHAUVEL Fabien

Publié dans L'oeil de Neibaf

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